Pétrifié, Ambrose ne pût faire demi-tour et se fit tirer par Walter
qui trépignait d'impatience à l'idée de découvrir ce qui se
trouvait à l'intérieur du manoir.

Très vite, la peur d'Ambrose se transforma en terreur. Ils avancèrent
et se retrouvèrent dans un grand hall décoré par d'innombrables tableaux,
peintures et autres portraits. Les jumeaux durent se faufiler entre de
géantes toiles d'araignées qui formaient un semblant de rideaux au milieu
de la pièce.

Soudain, un bruit aigre les fit sursauter : il se retournèrent et virent un chat
en train de jouer du piano.

- "Je... C'est... C'est un chat squelette ?!", s'écria Ambrose.

Après une bruyante montée causée par les vieilles marches
en bois qui composaient le majestueux escalier, les frères
arrivèrent dans une salle à manger étonnament bien conservée.
En réalité, elle paraissait même avoir servi quelques minutes plus tôt.
La table était remplie de nombreux plats plus délicieux les uns que
les autres et les lustres sur lesquels tenaient des bougies encore
allumées laissaient s'écouler quelques goutes de cire à intervales réguliers.

- "Viens on mange", suggéra Walter, ayant déjà empoigné une pomme
de terre fourée au munster.
- "Tu rigoles ?!", baffouilla Ambrose, "C'est sûrement périmé ou pire, EMPOISONNÉ !"
- "Mais non, regarde, j'en ai mangé un morceau et je me porte très bien !", rétorqua Walter.

Ambrose, après avoir fait une leçon de morale sur les
dangers de l'intoxication alimentaire à son frère pendant de longues
minutes, leva les yeux et se senti bien seul lorsqu'il remarqua que son
frère n'était plus dans la pièce. Pris de panique, il s'empressa de
monter au grenier où il était persuadé qu'il l'y retrouverait...

Ambrose avança donc, peu rassuré, en direction de l'escalier bien moins majestueux menant jusqu'à l'étage supérieur.
Sans Walter, tout lui paraissait bien plus effrayant encore. Le vieux parquet grinçait et les bougies allumées créaient des ombres qui semblaient vivantes sur les murs.

Si l'escalier bénéficiait d'un semblant de luminosité provenant des bougies de la salle à manger, ce n'était pas le cas du grenier dans lequel Ambrose arriva. Par chance, c'était une nuit de pleine lune, ce qui permettait à la lumière naturelle de s'engouffrer à travers d'étroites fenêtres.

- "Wa...Walter ? Tu es là ?" marmonna le souriceau, la voix tremblotante. "Si tu te caches, c'est une blague de très mauvais goût !"

Ambrose fit quelques pas en avant afin de jeter un coup d'œil derrière quelques caissons et autres malles qui se trouvaient là.

- "Il n'y a rien par ici, il est sûrement retourné dans le hall d'entrée." se dit-il.

Alors qu'il entreprit de faire demi-tour, son sang se glaça à la vue d'une terrifiante silhouette.
Quelqu'un, ou plutôt quelque chose se tenait debout devant l'escalier. Cette chose était très grande et semblait recouverte de longs poils ébouriffés. Après quelques secondes qui semblaient être des minutes pour Ambrose, la chose fit quelques pas très lourds en avant, jusqu'à être éclairée par un rayon de lumière et le constat fut sans appel : c'était un monstre.

Stupéfait, Ambrose cria... Du moins il essaya. Sa gorge nouée ne lui permit pas de sortir le moindre son pour appeler à l'aide.
Le monstre était très lent mais semblait hostile et déterminé à en découdre. Il balbutiait sans arrêt ce qui semblait être son nom :
- "ARGH FRANK, ARGH FRANKENMAUS, FRANKENMAUS", cria le monstre.
- "Lai-laisse moi tran-tranqu-tranquille le monstre !", bégaya Ambrose.

Alors que le Frankenmaus poussait, écrasait et détruisait tout ce qui se trouvait sur son passage, Ambrose était contraint de reculer, l'escalier se trouvant derrière le monstre.

La lenteur du monstre lui laissa quelques instants pour réfléchir à un plan pour sortir du manoir. Il vit qu'une fenêtre était plus basse et plus large que les autres, suffisamment que pour lui permettre de s'extirper de ce manoir maudit.
Ayant réussi à ouvrir la fenêtre, il se retrouva à présent face aux vide...
- "Ça y est, c'est la fin... Si seulement j'avais refusé de venir !"

Le monstre arrivant à la fenêtre, Ambrose n'eût plus le choix : soit il se faisait attraper, soit il tentait le tout pour le tout en sautant le plus loin possible afin d'atterrir sur un arbre qui se trouvait plus ou moins à deux mètres du rebord. Une bien longue distance pour une souris.

Sans hésiter, après une longue inspiration, il s'élança puis ferma les yeux instinctivement pour ne pas se voir tomber.
Après un vol plané réussi, il se retrouva coincé en haut d'un chêne ayant presque perdu toutes ses feuilles. Plus de peur que de mal ceci dit.

Après quelques minutes à essayer de se débattre, il vit Walter sortir précipitamment par la porte principale du manoir et se diriger vers lui afin de l'aider à descendre.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il le vit décoller du sol grâce à une toute nouvelle paire d'ailes accrochées à son dos !

Une fois descendus, les jumeaux coururent vers la sortie et s'empressèrent de rejoindre le village.
Ambrose était fier de lui : bien qu'ayant eu très peur, il a su repousser ses limites en se rendant seul au grenier, puis en faisant un saut spectaculaire au péril de sa vie.
Il lui tardait de raconter son étonnante aventure à son frère qui lui avait fait passer le plus terrifiant de tous les halloweens !