J'aimerais me réveiller chaque matin avec un traumatisme crânien et redécouvrir le monde chaque jour. Nous n'avons plus de rêve que celui d'oublier aujourd'hui. Et j'aimerais que mon existence m'appartienne, que je puisse découvrir le monde avec mes propres yeux. Je désirerais tant par exemple, écrire à mes heures perdues et caresser les fleurs, embrasser la nature en parcourant le monde...C'est impossible. Impossible parce qu'il n'y a pas de liberté, l'on me retient ici, dans quelque chose que je ne désire pas. Nous sommes un peu condamnés, ici, d'autres choisissant notre bonheur à notre place.
J'ose croire au jour où les étoiles noires qui ne se distinguent pas au travers de la nuit du ciel s'allument. Elles constituent des jours devenus des nuits : et si la nuit était née ainsi ? Et si... ne dit-on pas également que la lune est fondée de roses blanches ? Chacune d'entre elles est aussi merveilleuse que la muraille d'une cité antique polie par l'or de la mer.

De quoi souffres-tu ? De l’irréel intact dans le réel dévasté. D’une étoile qui s’est, la folle, rapprochée et qui va mourir avant moi.

En ce moment, mes jours sont une myriade de constellations incertaines. J'ai souvent l'impression de confondre les feux de position des avions avec les étoiles, tant le ciel en est dépourvu. Ridicule. Cette sorte de file d'attente que l'on nous impose pour la félicité n'apporte que souffrance. Combien de temps vais-je y rester, encore ? Antigone le dirait : "Vous me dégoûtez tous avec vos têtes de candidats au bonheur. Je ne veux pas me contenter d'un petit morceau si j'ai été sage".