Je jouis d'une certaine stabilité ces dernières semaines, chose assez étonnante.
Certes il m'arrive d'avoir des baisses de moral - passagères - mais elles trouvent vite une résolution.
Mes essais au fusain sont concluants et mon projet de dramaturgie se profile bien.

C'est satisfaisant de savoir qu'après des mois tumultueux nous avons le droit de savourer une accalmie - bien méritée.

Je ne parviens plus à distinguer les dessins des tableaux de ce couloir autrefois dépourvu de quelconque opacité - à l'inverse d'aujourd'hui.
Ce sont des couleurs sans grandeur, ou du moins profondes sans ne l'être vraiment ; à un point où l'on pourrait s'y intégrer pleinement, en un tourbillon confondu à une horloge sans aiguilles. Seulement est-ce-là réellement ce que l'on peut appeler difficulté ? Devraient-ils obligatoirement se démontrer à mon regard d'encre de Chine ? Ai-je tort de ne pas me soumettre à leur volonté, de forcer leur attention sur ma personne ? Quand bien même je l'aime, mes yeux ne veulent et ne peuvent se détourner de cela, les fixant avec une intensité telle que mes pupilles seraient en mesure de refuser toute forme de lumière si elles le désireraient. Car le dérangement, lui, répondra absent à mon corps. Dénudé de toute sensation de fraîcheur, des fourmis rampent sur ses épaules meurtries ; recouvertes de crasse où un nombre incalculables d'étoiles se perdent, s'éperdent, s'égarent à ce bordélique havre. Ne sachant quel emplacement leur convient, lequel est le plus obscur ; celui qui réfléchirait leur plus beau scintillement. Et pourtant. Il n'y a pas de train qui ne vienne à la gare. Je suis dans la même situation. Un peu comme elles, un peu comme toi. J'attends. Je ne sais pas ce que j'attends. Je ne sais si j'ai raison d'attendre sans raison - si est-ce la raison elle-même qui a tort de porter ce nom. En un temps quotidien, je refuserais d'attendre quoi que ce soit, quoi que ce puisse être. Peu importe l'importance. Or cette fois m'attire la violence de l'incompréhensible, cette fameuse surprise tant chérie par les enfants de bas-âge lorsqu'ils empruntent un sentier inconnu. Pas si inconnu que ça, sans doute, car ils savent ce qu'ils ne connaissent pas, avant-même de n'avoir connu. Ainsi qu'un sage ne s'étonne plus de ses découvertes. Il ne découvre plus, il a fait le tour des choses. Désormais, il lui reste à devenir libre, à tout désapprendre. J'attends peut-être quelque chose étant déjà présent. Et j'en suis consciente. Tout est déjà présent. C'est pour cela, que l'on attend. La plupart du temps. Pour oublier. Moi, j'attends. Simplement. Non pas pour désapprendre. Mais pour autre chose ; attendre. C'est là de plus belle flagrance, n'est-t-il pas ?

En musique, ce sont bien souvent les artistes qui parlent peu, sont peu prolixes de leurs mots qui deviennent des icônes.