Vous vous approchez de la pauvre souris et du chariot qui semble l’avoir écrasée de tout son poids pour une mystérieuse raison. En vous aidant d’une barre de fer que vous trouvez dans le désordre qui l’entoure, vous arrivez à faire levier pour dégager la malheureuse. Après avoir repris son souffle, celle-ci vous adresse ses remerciements les plus sincères :

 – Mille mercis ! Les corbeaux m’auraient dévorée si vous n’étiez pas intervenue ! Je ne sais comment vous remercier...

 – Que s’est-il passé ? Comment vous-êtes vous retrouvée là-dessous ? lui demandez-vous très justement.

 – C’est une très fâcheuse histoire... J’ai coutume d’emprunter ces routes pour faire du commerce, ce n’est pas la première fois que je traverse le désert. Cette nuit-là je me reposais, j’étais sur le point de quitter ces terres arides, mais j’ai baissé un peu trop ma garde et des brigands ont renversé mon chariot sur moi... En étant bloquée, je ne pouvais même plus les empêcher de prendre la moitié de ma cargaison...

 La souris fouille dans les quelques caisses qu’il lui restent, ramasse une pomme et vous la tend :

 – C’est peu de chose, vous dit-elle. Je ne peux malheureusement rien vous offrir de mieux étant donné ma situation... J’imagine que vous vous rendez à la vieille tour comme tous les aventuriers que j’ai croisé dernièrement... Prenez garde, les terres qui vous séparent d’elle ne sont vraiment pas sûres.

 Ces quelques mots peu rassurants concluent votre discussion. Vous reprenez votre route en suivant le chemin du nord-ouest en espérant que vous n’aurez pas la même déconvenue que cette pauvre souris.

 Malgré les appels répétés de la souris, malgré le ton de sa voix et ses cris de détresse, vous persistez à fuir vers le sud-ouest. Bientôt, vous ne l’entendez plus et vous tentez de vous convaincre au plus profond de vous que votre choix a été le plus judicieux. Après tout c’était peut-être bien une machination des brigands pour dérober le peu de choses que vous possédez...

 Vous adoptez une attitude furtive et silencieuse pour vous approcher du chariot renversé. Vous ne savez pas vraiment si la souris a bien compris que vous étiez à quelques pas d’elle puisqu’elle semble regarder dans une autre direction. En revanche, elle paraît avoir saisi que quelqu’un se trouve dans les environs puisqu’elle renouvelle continuellement son appel de détresse en faisant de larges mouvements de bras.
 Vous n’avez toutefois pas besoin de vous approcher davantage puisque le renversement du chariot a éparpillé un peu partout autour du chemin des caisses de divers outils et denrées alimentaires. De fait, même si la plupart des objets semblent être à présent inutilisables et que la nourriture a pourri sous la chaleur du désert, vous arrivez à dégager un objet brillant dont l’éclat semble avoir concentré toute votre attention.
 Vous êtes tellement obnubilée par le bouclier étincelant que vous venez de retirer de ces marchandises que vous ne remarquez même pas la colère de la souris. Celle-ci vient de comprendre vos intentions. Elle n’hésite pas à vous jeter une caisse en bois à sa portée, et le temps que vous vous en rendiez compte, l’objet vient vous percuter à la tête.
 Vous rebroussez chemin en panique, emportant avec vous votre précieux butin et vous décidez de contourner la souris et son chariot en prenant le chemin partant au sud-ouest.

 La pensée de cette souris que vous venez de secourir vous comble de joie, et votre humeur s’en ressent. L’hardiesse qui vous inonde vous fait accélérer le pas et vous ne réfléchissez plus trop à la direction vers laquelle tend le chemin que vous suivez. Pourtant très vite, celui-ci semble quitter l’orientation nord-ouest pour clairement revenir vers l’ouest. Ce n’est pas une mauvaise chose puisque c’est la direction que le roi vous a conseillée de prendre.
 Néanmoins, vous constatez horriblement que la route vous conduit au sein-même d’un brouillard constitué de poussières et de sable, tandis que le profil du relief semble descendre légèrement. Heureusement les pavés du chemin restent assez identifiables parmi la masse désertique qui vous entoure, et même si votre visibilité se réduit drastiquement, vous avez l’assurance de pouvoir le suivre sans difficultés.

 Alors que vous marchez en tentant de percevoir une trouée dans la brume, vous entendez subitement d’autres bruits de pas devant vous. Quelqu’un semble venir dans votre direction. Bientôt, vous entendez également dans votre dos des pas à quelques mètres. Pire que ça encore, un cri effrayant résonne soudain dans le désert ! Est-ce la souris que vous venez de secourir qui a un problème ? A t-elle fait de nouveau une mauvaise rencontre ? Vous ne savez pas trop ce que cela signifie, et au fond de vous, vous n’êtes pas sûre d’avoir réellement envie de le savoir...
 Ce qui est sûr, c’est que quelqu’un, ou quelque chose s’approche de vous. Cherchant désespérément une autre option à la confrontation, vous comprenez qu’à droite de vous la route est cernée par un escarpement rocheux impossible à escalader. À gauche du sentier, vous apercevez un promontoire rocheux. En prenant quelques secondes pour comprendre ce dont il s’agit, vous découvrez que le rocher mène sur une longue planche de bois, assez large, horizontale. Celle-ci file droit dans la brume et semble tenir par magie au dessus d’un vide que vos yeux peinent à estimer. Vous pensez à éviter la rencontre en vous cachant derrière le rocher, mais les pentes sont trop glissantes, et vous n’osez prendre ce risque.
 Vous pouvez alors :

 Le triste sort de la souris que vous venez d’abandonner ne vous préoccupe que très peu de temps. En effet vous avez fort à faire en vous concentrant déjà sur votre mission, vous ne pouvez pas non plus régler les problèmes de tous les inconnus du monde. Alors vous continuez votre route et sans le moindre mal, vous arrivez en peu de temps à une petite dépression ou le chemin descend tranquillement.
 Très vite vous vous rendez compte que les pavés qui guidaient jusque là le sentier deviennent de plus en plus épars, jusqu’à devenir complètement absents sur certaines portions. Vous ne savez pas pour quelle raison ce chemin est en si piètre état et vous en venez à vous demander s’il n’aurait pas été plus avisé de prendre le chemin du nord-ouest à la bifurcation.
 De plus, toute la dépression où vous vous enfoncez est couverte d’une nappe de brouillard qui rend impossible toute orientation. Vous avancez aussi bien que faire se peut vers ce qui vous semble être l’ouest, du moins c’est ce que vous indique votre modeste boussole à laquelle vous donnez entière confiance. Bientôt les pavés disparaissent totalement, et ne restent plus que des landes de sable d’une couleur invariablement ocre.
 Un peu plus loin, vous repérez une sorte de gouffre réduit, où s’enfoncent des falaises de grès, et avalant les pauvres grains de sable venant y chuter. Vous vous décidez à le longer pour après quelques minutes découvrir un fait plus intéressant. Sur votre droite, une planche de bois attend paisiblement, retenue par des cordes invisibles au milieu de la brume. Vous ne savez pas si la structure est solide, ni où elle peut vous mener.
 Par contre, vous entendez très rapidement des bruits de mouvement dans la direction où continue votre route, le long du gouffre. Des frottements légers sur les étendues de sables, comme des bruits de pas légers marchant sur une même cadence. D’un coup, vous sentez un poids appuyer sur votre épaule, et un cri d’effroi vous quitte instinctivement. Vous vous retournez, mais il n’y a rien. Votre imagination semble vous jouer des tours...
 Est-ce de bon augure ou au contraire, est-ce signe de danger ? Vous ne le savez pas. Vous savez en revanche qu’il est impossible à présent de rebrousser chemin car le risque de vous perdre est bien trop grand.
 Vous pouvez cependant :

 Vous avancez avec une confiance mesurée sur la planche de bois. Vous êtes à quelques mètres du bord du ravin quand vous vous décidez à tester davantage la solidité de la passerelle en faisant de petits sauts sur celle-ci. Mauvaise idée car bientôt le poids qui vous retenait à l’exact opposé de la planche finit par devenir mystérieusement bien plus pressant, et la planche s’élève et se braque subitement.
 Le mouvement vous fait voltiger vers le promontoire rocheux auquel vous vous agrippez tant bien que mal. La chute vous aura sévèrement blessée, mais vous êtes en vie, et c’est là le principal. Malheureusement, il semblerait également que dans votre petite expérience, la pomme que vous veniez de récupérer se soit envolée à votre insu...
 Vous reprenez avec amertume le sentier qui semble à présent dégagé de tout danger.

 Vous continuez à suivre le chemin pavé sans rencontrer le moindre problème. Les voix provenaient peut-être du gouffre, ou d’au delà du précipice, jamais vous ne le saurez...

 Lentement vous mesurez la stabilité de la passerelle. Vous sentez des mouvements sur la planche, comme si d’autres personnes se trouvaient à l’exact opposé. Vos craintes se concrétisent rapidement puisqu’à quelques mètres du bord du ravin, la planche se met à pencher vers le vide. Juste à temps vous arrivez à vous rattraper à la falaise pour éviter de chuter dans le gouffre. Miraculeusement, vous ne semblez même pas être blessée ! Encore plus étrange, une pomme tombe soudainement du ciel et roule à vos pieds... Vous décidez évidemment de la ramasser, elle pourra toujours vous servir.
 Vous reprenez la route en longeant le ravin, sans faire de rencontre désagréable : tout le bruit que vous avez fait sur la planche semble avoir éloigné ce qui s’approchait de vous.

 Les bruits se font plus insistants, décuplant la peur qui s’empare peu à peu de vous. Vous avancez encore, comprenant que les pas nombreux qui s’approchent de vous ne sont pas ceux de plusieurs personnes, mais bien ceux d’une seule et même créature. Vous n’avez même pas le temps de compter ses huit pattes que devant vous se dégage des brumes une apparition qui vous glace d’effroi. Une araignée monumentale vous fait face, mais votre cerveau n’arrive à vous laisser fuir, et même si la peur ne vous paralysait pas, où seriez-vous allée ?
 La créature s’avance de vous à une allure modérée, faisant tinter ses mandibules avec un appétit non dissimulé. Vous n’êtes pas de taille, mais vous êtes déterminée à ne pas vous laisser dévorer sans sourciller. Peut-être même que certains objets en votre possession pourront vous aider à vous défendre...
 Quoiqu’il en soit, l’araignée géante finit par bondir sur vous, vous recouvrant entièrement. Avec tout le courage en votre possession, vous parez tant bien que mal ses coups. Mais le monstre vous repousse très vite vers le bord du ravin, et vous voyez peu à peu se profiler le destin qui vous attend...
 Une dernière attaque, et l’araignée bondit sur vous. Juste à temps, vous vous abaissez sur le sol, échappant à la prise de la créature qui passe au dessus de vous et finit avalée par les profondeurs du gouffre. Vous reprenez votre souffle, passez un peu de temps à soigner vos quelques blessures, puis vous vous décidez à reprendre le chemin pour quitter aussi vite que possible ces horribles contrées.